Ludwig Van Beethoven : Les neuf Symphonies
Direction Sir Simon Rattle, Orchestre Philharmonique de Berlin
Trois DVD ou deux Blu Ray BPO
Les Symphonies de Beethoven par le Philharmonique de Berlin, un grand classique pour le discophile ! Sans remonter jusqu’au premier enregistrement d’une symphonie de l’Histoire, déjà Beethoven (la cinquième) et déjà par le Philharmonique de Berlin en 1913 (sous la direction de son chef de l’époque Arthur Nikisch), le catalogue est rempli de versions « de référence » de ces symphonies par Berlin sous la direction de leur directeur musical Furtwängler (années 50), Karajan (trois fois, dans les années 60, 70 puis 80 à la naissance du disque compact), Abbado (années 90). Les versions de Karajan 80 et d’Abbado sont d’ailleurs disponibles en DVD et très recommandables (même si les films très modernes de Karajan à l’époque ont bien vieilli). Sir Simon Rattle, directeur des Berliner Philharmoniker de 2004 à 2017, a beaucoup attendu, jusqu’en 2016, car il voulait avoir construit une grande complicité avec l’ensemble, pour enregistrer ce testament. Et il le fait de façon magistrale, à la fois au disque, en vidéo en DVD/Blu-ray et en streaming, tout cela disponible sur le site du Philharmonique www.digitalconcerthall.com et www.berliner-philharmoniker-recordings.com
Le Beethoven de Rattle combine à la fois la perfection instrumentale propre à l’orchestre (l’éloquence des contrebasses et violoncelles, par exemple au début du final de la neuvième, les bois, le fondu des cordes, …), héritée de Karajan, et une liberté de phrasé et de tempi telle que Furtwängler l’a immortalisée. Pour les tempi, Rattle reconnait sa volonté d’intégrer en même temps l’intensité rythmique de Toscanini et la liberté de Furtwängler, l’orchestre lui offrant la puissance et l’énergie pour permettre sa vision. Les instrumentistes les plus anciens qui ont connu les trois derniers chefs expriment leur plaisir dans cette combinaison de l’agilité et la vivacité d’Abbado avec la beauté et la profondeur des couleurs de Karajan. Vous l’avez compris, cette approche riche et originale, conjuguant les grandes qualités des visions de ses prédécesseurs, nous a séduits.
L’orchestre, bien plus féminisé en 2016 que pour les versions précédentes, est disposé de façon originale pour un cycle de symphonies à Berlin : Rattle a exceptionnellement choisi de disposer les seconds violons à droite, créant ainsi un effet d’écho entre les deux lignes de violon et une grande spatialisation de l’ensemble.
Pour la dimension de l’orchestre, il n’y a pas d’effectif théorique. Rattle nous rappelle que Mozart a créé sa 40° symphonie avec un orchestre très réduit et a été ravi de l’entendre quelques jours plus tard avec un orchestre pléthorique. Même expérience pour Haydn et sa Création, créée en 1798 pour petit ensemble et jouée quelques jours plus tard par un orchestre et chœur éléphantesques. Dans ces enregistrements, la taille de l’orchestre évolue à mesure que Rattle considère que les symphonies le nécessitent, trois contrebasses et 10 premiers violons pour les deux premières symphonies, 5 contrebasses et 12 premiers violons pour l’Héroïque, l’orchestre complet (8 contrebasses, …) pour la neuvième. Sir Simon a choisi d’utiliser les partitions originales telles qu’elles ont été rééditées par Jonathan Del Mar. Notamment de nombreuses corrections ont été apportées à ce que l’usage et la tradition avaient pérennisé pendant plus de cent cinquante ans, par exemple l’utilisation du contrebasson pour doubler les contrebasses dans la neuvième symphonie (instrument très difficile et périlleux au début du XIX° siècle), ou le phrasé des cors dans l’Ode à la Joie.
Les DVDs sont complétés, « en bonus », de deux films, l’un sur la réalisation de cette production très ambitieuse, et l’autre montrant Rattle expliquer sa vision des symphonies, au piano pour les exemples musicaux, passionnant, vraiment.
Très bien enregistrée, ce qui est important pour rendre le son de ce qui est peut-être le plus bel orchestre du monde, parfaitement filmée (nous voyons par exemple bien mieux les solos des bois ou le chœur dans le final de la neuvième que ne l’ont pu les spectateurs le jour de l’enregistrement), cette production est devenue la nouvelle référence en image.