Les Timbres - Cover COUPERIN 4218

Les quatre  Concerts Royaux occupent une place singulière dans la production de François Couperin. On sait Louis XIV fervent mélomane, au point qu’il interrompait volontiers ses Conseils des ministres pour quelque séance de danse. Et c’est son amitié sincère pour Lully qui a permis à ce dernier de régner, jusqu’à sa mort accidentelle en 1687, sur la musique à Versailles. (Ainsi, par un curieux paradoxe, c’est un Florentin exilé  qui, en codifiant le grand genre du drame lyrique, a tenu la France à l’écart des exubérances du Baroque italien).

Mais nos Concerts Royaux nous situent au crépuscule du Roi Soleil. C’est en effet en 1714 et 1715 que Couperin les compose, à la demande du Roi qui se les fait jouer les dimanches après-midi. Versailles, désormais sous la coupe de la Maintenon, a connu des heures plus gaies, le Monarque est malade, le Royaume appauvri… Pas étonnant, dès lors, que Couperin nous livre une musique assez sombre, grave et recueillie, mais certes emplie de grandeur et de noblesse.

On sait que Couperin y tenait lui-même la partie de clavecin; il s’est ainsi réservé plusieurs parties parties solistes. Pour le reste, la composition et le nombre de musiciens sont, comme souvent à cette époque, à géométrie variable. Les Concerts Royaux sont parfois joués à trois (violon ou flûte, viole et clavecin).

Dans le disque de l’ensemble Les Timbres, nous avons droit à quelque dix instrumentistes. Cela donne une belle variété d’un numéro à l’autre. Le Prélude du Concert 1 évoque une ample ouverture à la française, là où l’Air Tendre du Concert 2 fait dialoguer la viole et le théorbe, et la Sarabande du Concert 4 enlace tendrement les mélodies de deux flûtes… Parfois, comme dans le Prélude du Concert 3, l’abondance des instruments crée des frottements harmoniques qui réjouiront en priorité les amateurs de phrasés baroques.

En résumé, une belle production des Concerts Royaux, pages attachantes d’un compositeur auquel Ravel se fera un devoir de rendre hommage en son Tombeau de Couperin, c’est dire la qualité de sa production.

Christian EVAIN