Lamentevole
Sonates pour violon de Biber, Muffat, Bertali, Schmelzer…
Ensemble Castelkorn Josef Žák, violon & direction
ELOQUENTIA
Sortie le 18 janvier 2018, Distribution Socadisc
Communiqué de presse
Ce disque nous convie à une découverte (en tout cas pour l’auteur de ces lignes) de quelques musiciens baroques des années 1650/1710 en Bohème et Autriche.
L’entreprise est intéressante, car on oublie facilement qu’entre les grands centres musicaux d’Italie et d’Allemagne du Nord, les fastes du Baroque résonnaient aussi dans l’Europe centrale.
Rien d’étonnant à cela, puisque la région ( que Dominique Fernandez, dans La Perle et le Croissant, situe au coeur du monde baroque ), regorge de trésors architecturaux et décoratifs.
Les compositeurs de ce disque ont en commun d’avoir travaillé pour le Prince-Evèque Lichtenstein-Castelkorn, alors installé non loin de Vienne, et assurément mélomane averti.
Certains sont italiens (A.Bertali, A.Poglietti), d’autres autrichiens (H.Biber est le plus connu, J.Schmelzer), l’un (G.Muffat) est français… originaire de Megève. A vérifier s’il a droit à une rue à son nom dans la station !
Le violon règne en maître dans ces pages, généreusement servi par Josef Zak et ses complices. Le cosmopolitisme est au rendez-vous: un tchèque, une française, un chilien et un norvégien composent l’ensemble Castelkorn.
Certaine pages (Sonate de Biber et de Muffat) semblent, par leur virtuosité mélodique et presque contrapuntique, annoncer les oeuvres pour violon seul de Bach.
Souvent, l’influence du goût italien prédomine; on est bien à l’époque de Corelli. Ailleurs (Chaconne de Bertali), les rythmes de la musique « ancienne » s’allient aux harmonies d’un canon, forme en vogue à l’époque (Pachelbel).
Tout cela est fort plaisant à l’écoute, même si l’articulation baroquisante du violon et l’absence de vibrato peuvent lasser (mais c’est la loi des baroqueux ). Qu’on ne s’attende pas à des audaces révolutionnaires chez ces ces compositeurs ; mais l’allant et l’inventivité de leur musique est une antidote à la morosité et, on ne peut que remercier notre ami le Prince-Evèque d’avoir su si bien s’entourer.
par Christian Evain